François hollande : un retour à l’Élysée en 2027 ?

par | Sep 5, 2024 | Blog

Ce 4 septembre 2024, François Hollande, ancien président de la République française, a ravivé les spéculations sur son avenir politique en laissant entendre qu’une candidature à la présidence de 2027 n’était pas exclue. Lors de son passage dans l’émission Quotidien, l’ancien chef de l’État, bien que ne se projetant pas officiellement dans cette direction, a néanmoins affirmé avec humour que « tout était possible » s’il était toujours « en vie ». Une phrase ironique qui a immédiatement déclenché une série de réflexions sur le retour éventuel de Hollande dans la course présidentielle, d’autant plus que le contexte politique actuel en France reste marqué par de nombreuses incertitudes et la crise de leadership qui secoue le pays.

Contexte politique actuel : un environnement incertain

La scène politique française de 2024 est en pleine recomposition. La dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron a ouvert une période de flottement, de réorganisation des forces politiques et de repositionnement des grandes figures de la vie publique. Alors qu’Édouard Philippe, ancien Premier ministre et maire du Havre, a récemment officialisé sa candidature pour l’élection présidentielle de 2027, plusieurs personnalités se préparent discrètement à jouer un rôle dans la succession de Macron. Parmi elles, François Hollande, qui n’a jamais totalement quitté l’espace médiatique et politique depuis la fin de son mandat en 2017, semble se positionner en arrière-plan, observant attentivement l’évolution du paysage politique.

En critiquant Édouard Philippe pour son impatience à entrer en campagne, Hollande a voulu rappeler que les échéances démocratiques devaient être respectées. Selon lui, anticiper des élections pourrait déstabiliser encore davantage une démocratie française déjà en proie à de nombreuses crises. Cette position est loin d’être anodine, car elle montre la volonté de l’ancien président de maintenir un cadre institutionnel stable, tout en se laissant la possibilité de revenir en tant que candidat lorsque les conditions seront réunies.

Hollande et la critique du leadership de Macron

L’ancien président socialiste ne s’est pas seulement contenté de donner son avis sur le calendrier électoral, il a également sévèrement critiqué son successeur, Emmanuel Macron. Depuis la démission du gouvernement dirigé par Gabriel Attal, en juillet 2024, Macron n’a toujours pas désigné de nouveau Premier ministre, une situation que François Hollande dénonce fermement. Selon lui, cette hésitation à nommer un chef de gouvernement révèle une faiblesse de décision qui paralyse l’action de l’exécutif.

« Gouverner, c’est nommer », a-t-il affirmé avec insistance. Cette phrase, à la fois simple et percutante, résume sa vision de la présidence : un président doit savoir agir vite et efficacement, notamment dans la désignation de ceux qui l’entourent. Hollande rappelle que, lors de son élection en 2012, il n’avait pas tardé à nommer Jean-Marc Ayrault au poste de Premier ministre, marquant ainsi sa volonté d’agir dès le début de son quinquennat.

Hollande reproche à Macron de laisser le pays « en suspens », en maintenant une incertitude sur des décisions cruciales. En posant ce diagnostic, il se positionne à la fois comme un observateur critique, mais aussi comme une figure d’autorité capable de mieux gérer ce type de crise. Sa critique du leadership de Macron, au-delà de l’anecdote du Premier ministre, illustre sa propre vision de l’État : une présidence qui tranche, décide et agit, au service de l’intérêt général. Ce positionnement pourrait bien préparer un retour en force, où Hollande chercherait à démontrer qu’il est l’homme de la situation pour sortir la France de ses blocages actuels.

Une mission inachevée : l’héritage de la Françafrique

Au-delà des questions de gouvernance, le retour éventuel de François Hollande à la tête de l’État pourrait être motivé par une volonté de compléter une mission inachevée : la lutte contre le système de la Françafrique. Ce terme désigne les relations complexes, souvent controversées, entre la France et ses anciennes colonies africaines, marquées par des liens économiques, militaires et politiques jugés parfois néocoloniaux.

Pendant son mandat (2012-2017), François Hollande avait entrepris des réformes pour modifier la nature de ces relations. En 2013, lors de l’intervention française au Mali dans le cadre de l’opération Serval, il avait clairement affiché sa volonté de redéfinir les rapports entre la France et l’Afrique, notamment en mettant fin à certaines pratiques opaques et paternalistes associées à la Françafrique. Mais ces réformes ont été interrompues à la fin de son mandat, et le système, bien que fragilisé, reste encore en place aujourd’hui.

L’arrivée d’Emmanuel Macron n’a pas permis de poursuivre pleinement cet effort. Malgré des discours réformateurs, Macron a continué de tisser des liens ambigus avec certains dirigeants africains, tout en cherchant à affirmer l’influence de la France sur le continent. L’accueil de Vladimir Poutine à Versailles en 2017, peu après l’élection de Macron, a notamment marqué un tournant symbolique. François Hollande, sous la pression de son propre camp politique, avait refusé de recevoir le président russe en 2013, préférant maintenir une certaine distance. En contraste, Macron a ouvert les portes du prestigieux château de Versailles à Poutine, suscitant des critiques tant sur le fond que sur la forme.

Le retour de François Hollande pourrait donc s’inscrire dans une volonté de réaffirmer une politique étrangère plus cohérente et plus rigoureuse vis-à-vis de l’Afrique, et de réengager la France dans une dynamique de rupture avec la Françafrique. En cela, il pourrait vouloir finaliser une transformation des relations franco-africaines amorcée durant son mandat, mais laissée inachevée à son départ de l’Élysée.

Hollande et Macron : une relation complexe

Le retour potentiel de François Hollande ne se limite pas à une simple rivalité avec Emmanuel Macron. Il y a une relation politique complexe entre les deux hommes. En 2017, Macron a accédé à la présidence avec une rapidité déconcertante, en créant son propre mouvement, La République En Marche. Cependant, cette ascension fulgurante n’aurait probablement pas été possible sans le soutien tacite – voire actif – de François Hollande, qui a contribué à écarter certains barons du Parti socialiste, facilitant ainsi la montée en puissance de Macron.

Certains observateurs voient dans cette relation un possible « retour d’ascenseur » : après avoir aidé Macron à prendre le pouvoir, François Hollande pourrait maintenant attendre en retour un soutien indirect de la part de l’actuel président pour préparer son propre retour. En politique, les alliances inattendues et les manœuvres stratégiques ne sont pas rares, et il est possible que Macron et Hollande, malgré leurs divergences, puissent trouver un terrain d’entente pour assurer une transition en douceur après 2027.

La recomposition du paysage politique français

Un retour de François Hollande pourrait s’inscrire dans une recomposition plus large du paysage politique français. Le Parti socialiste, autrefois hégémonique, a été réduit à une force marginale depuis l’élection de 2017. Cependant, les forces de gauche semblent prêtes à se réorganiser, et Hollande pourrait jouer un rôle clé dans cette refondation. En se positionnant comme une figure d’expérience, capable de rassembler les différentes sensibilités de la gauche tout en proposant un programme réaliste et tourné vers l’avenir, il pourrait redevenir un acteur incontournable de la vie politique française.

D’autant que, face à une droite en quête de renouveau et une extrême droite toujours en embuscade, François Hollande pourrait apparaître comme un candidat de compromis, capable de rassurer à la fois les classes populaires et les élites économiques, tout en portant un discours de responsabilité sociale et de cohésion nationale.

L’Afrique, enjeu clé de la politique étrangère

Enfin, si François Hollande revient en politique, il est fort probable que les relations avec l’Afrique occuperont une place centrale dans son programme. Les récentes crises politiques en Afrique de l’Ouest, marquées par une série de coups d’État militaires et une montée de l’influence russe, ont montré que la France devait repenser en profondeur ses liens avec le continent. La politique africaine de la France sous Macron a suscité de nombreuses critiques, notamment en raison de sa gestion jugée ambiguë des relations avec certains régimes autoritaires et du maintien de la présence militaire française au Sahel.

Hollande pourrait proposer une nouvelle approche, visant à renforcer la coopération avec les pays africains sur des bases plus égalitaires, tout en réduisant la dépendance militaire de la France dans la région. En se posant en défenseur d’une véritable indépendance africaine vis-à-vis des anciennes puissances coloniales, il pourrait séduire à la fois les électeurs français soucieux de réformer les relations internationales et les dirigeants africains désireux de se libérer de l’influence néocoloniale.

Conclusion : un retour possible mais incertain

François Hollande n’a pas encore officialisé ses intentions pour 2027, mais son discours et ses critiques de l’actuelle présidence montrent qu’il n’a jamais vraiment quitté la scène politique

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