Le Réseau des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) a récemment orchestré des élections, et les résultats parlent d’eux-mêmes : ils ont raflé toutes les circonscriptions. Stratégiquement parlant, c’est une victoire incontestable. Leur maîtrise des rouages politiques et leur capacité à naviguer dans l’arène électorale est admirable.

Cependant, au-delà de cette réussite tactique, se pose une question éthique cruciale : est-il juste qu’un seul parti monopolise tant de ressources et les utilise pour contrer une opposition déjà fragilisée ? Cette stratégie, qui consiste à affaiblir financièrement et structurellement les adversaires, pourrait être perçue comme une manière sournoise de consolider le pouvoir.

Il est indéniable que le RHDP a réussi à diviser et à affaiblir l’opposition, rendant ainsi la compétition presque inexistante. Mais une démocratie robuste et vivante dépend de la présence d’une opposition forte et de la diversité des voix. En réduisant cette diversité, on risque d’affaiblir les fondements mêmes de la démocratie.

Il est à noter que ce genre d’attitude pourrait engendrer des situations d’instabilité. L’Afrique est aujourd’hui témoin d’une vague de protestations suivie de nombreux coups d’État. Face à cette réalité alarmante, la Côte d’Ivoire a tout intérêt à revoir sa stratégie de gouvernance pour espérer se mettre à l’abri de toute déstabilisation.

La bonne gouvernance ne se mesure pas seulement en termes de victoires électorales ou de contrôle des ressources. Elle se juge également à l’aune de l’équité, de l’inclusivité et du respect des principes démocratiques. Et, dans un contexte africain tendu, il est impératif pour la Côte d’Ivoire de prendre des mesures proactives pour assurer une stabilité durable.

Les leaders visionnaires ne cherchent pas seulement à gagner, mais aussi à élever le niveau du débat, à encourager la participation et à construire une nation unie. Alors que le RHDP savoure sa victoire, il serait judicieux qu’il réfléchisse aux implications à long terme de ses actions. Une nation ne se construit pas sur l’exclusion ou la domination, mais sur la collaboration, la compréhension mutuelle et la volonté de progresser ensemble.

De Robert Jean Crist